Elle suivit les classes de fugue et de composition où elle se trouva être la seule jeune fille. Toutefois, elle ne voulait pas composer craignant de se singulariser. Seules, Cécile Chaminade et Augusta Holmès étaient compositrices à cette époque. Il a fallu que Théodore Dubois, Ambroise Thomas et Massenet la persuadent de le faire pour qu'elle
s'y décide enfin.
En classe de composition elle écrivit les deux premiers
mouvements du « Concerto en ut mineur » qui, lorsqu'elle l'eut terminé quelques années plus tard, et présenté à Camille Chevillard donna à celui-ci l'idée d'introduire
la harpe en tant qu'instrument soliste avec accompagnement d'orchestre
dans les grands concerts symphoniques et demanda à H.
Renié d'en être l'interprète. Jusque là
à Paris aucune des grandes société symphoniques
du dimanche n'avait sorti la harpe de sa fonction d'instrument
d'orchestre. Or, c'était à ces concerts que le
public découvrait les notoriétés musicales
de l'époque.
La création du « Concerto en ut mineur »,
par son auteur eut lieu le 2 mars 1901 aux concerts Lamoureux.
Ce fut un immense triomphe pour l'interprète, pour le
compositeur et pour la harpe. A la suite de cette première
audition, la harpe prit place comme instrument soliste dans les
grands concerts.
Les premières oeuvres d'auteurs de l'époque qui
suivirent cette exécution furent entre autres:
- « Fantaisie de T. Dubois;
- « Choral et variations » de Charles-Marie Widor;
- « Concerstuck » de Gabriel Pierné, et d'autres encore.
H. Renié a été la première harpiste
à jouer « les Danses Sacrées et Profanes » de Claude Debussy. Celui-ci les avait
écrites pour harpe chromatique mais cet instrument n'ayant
pas d'avenir, H. Renié en a fait la transcription pour
harpe à pédales. C'est ainsi qu'elle fut amenée
à être la première à les exécuter.
De santé fragile, ses concerts étaient toujours une épreuve physique qu'elle surmontait courageusement. Sa dernière apparition en public eut lieu le 30 mars 1944 à la salle du conservatoire où il était demandé aux lauréats les plus célèbres des cinquante dernières années de venir jouer leur morceau de concours. Cortot, Maurice Maréchal, Lubin, Dussane et bien d'autres se produisirent à cette occasion. Les auteurs étaient Chopin, Haydn, St-Saens, etc. H. Renié pensait que l'exécution du « Concertino
d'Oberthur » ferait un effet ridicule à côté des autres oeuvres, la salle étant remplie surtout d'artistes réputés. A sa stupeur, elle retrouva les ovations formidables comme à la réception de son premier prix. Henri Busser prétendait
qu'elle avait « raflé » tout le succès
de la soirée.
Elle est morte le 1 er mars 1956 dans son petit hôtel de la rue de Passy, laissant un souvenir ineffaçable dans le coeur de tous ceux qui l'avaient approchée. Comme disait d'elle Bernard Gavoty: « La Harpe lui doit ce que la guitare doit à Segovia, d'avoir conquis dans le public ses lettres de noblesse ». |
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