PLAN DE LA RUBRIQUE
1- Antiquité

2-Période classique
3-Période romantique
4-Période contemporaine

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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GRANDS HARPISTES
3- PERIODE ROMANTIQUE

Les premiers harpistes qui se servirent de la harpe à double mouvement furent Henri Horn, harpiste d'origine allemande, né à Paris en 1789, qui s'était fixé à Londres au début du XIXe siècle et Marie-Martin-Marcel de Marin (Saint-Jean-de-Luz, 1769-Toulouse, 1861), gentilhomme français que la Révolution avait obligé à émigrer en Angleterre et à y pratiquer la musique en professionnel. Elève de Hochbrücker, il avait un remarquable talent d'improvisateur.
Mais la période romantique est dominée par trois grands virtuoses qui portèrent la technique harpistique à sa perfection.

François-Joseph Dizi (Namur, 1780-Paris, 1840), autodidacte de la harpe, décide d'aller travailler en Angleterre. Il rejoint Londres, où, démuni de tout, un hasard providentiel lui fait entendre les sons d'une harpe qui sortent d'une maison... Cette maison est celle de Sébastien Erard, qui prend Dizi sous sa protection, et le fait débuter dans la capitale anglaise. Jusqu'en 1830, il en est le professeur le plus en renom, et le virtuose le plus apprécié. Après cette date, Dizi se fixe à Paris. Il y est nommé professeur des princesses de la famille royale, et s'associe avec Pleyel pour fabriquer des harpes.

Nicolas-Charles Bochsa (Montmédy 1789-Sydney [Australie], 1856) fut très grand virtuose, doublé d'un véritable escroc, condamné par la justice française à douze ans de travaux forcés.
Fils d'un musicien de régiment, élève de
Catel, Beck et Méhul pour la composition, de Nadermann et de Marin pour la harpe, Bochsa était supérieurement doué dans tous les domaines... Après de rapides succès au théâtre, il gâche sa carrière de compositeur dramatique en produisant trop, avec trop de facilité. Marié à Georgette Duerest, nièce de Mme de Genlis (qui, la tourmente révolutionnaire passée, tente de redevenir l'égérie des salons), Bochsa est nommé harpiste de la Chapelle impériale (1813). Il continue une brillante carrière de soliste tout en s'occupant de spéculations frauduleuses. Débarqué en Angleterre, il y donne de nombreux concerts, devient professeur à l'Academy of Music (1822-1827), chef d'orchestre au King's Theatre (1828-1832).
A partir de ce moment, Bochsa mena une vie errante à travers les cinq continents, pour échouer en Australie, où il mourut, en 1856.

E.Parish-Alvars Elias-Parish Alvars (Teigumouth, 1808-Vienne, 1849), sans doute le plus grand virtuose de ce trio, est celui qui a fait faire les plus grands progrès à la technique harpistique. Elève de Dizi en Angleterre, il se fixe à Paris et travaille avec Bochsa et Labarre. Après de nombreuses tournées en Allemagne, en Autriche, en Italie et en Orient, très lié avec Mendelssohn, il s'établit à Vienne, où il est nommé virtuose de la Chambre impériale (1847).Parish-Alvars a été reconnu comme le plus grand harpiste de son temps. Après un concert à Dresde, Thérèse de Winckel le compare « à un véritable Colomb, qui a découvert les riches trésors d'un nouveau monde pour la harpe ». Berlioz a dit de lui: « C'est le Liszt de la harpe. »

Il y eut, au XIXe siècle, de nombreux virtuoses de valeur, dont le souvenir est quelque peu éclipsé par la gloire des trois très grands harpistes pré cités:
Les
Prumier, père et fils, tous deux titulaires de la classe du Conservatoire, et qui eurent, concernant l'enseignement de la harpe, des idées assez curieuses...

Antoine Prumier, le père (Paris, 1794-1868), avait étudié concurremment les sciences, les mathématiques et la musique. Harpiste de l'Opéra-Comique,et successeur de Nadermann comme professeur au Conservatoire (1835), c'est lui qui eut l'honneur d'y introduire la harpe à double mouvement, mais il préconisa l'emploi de l'auriculaire, technique chère à Mme de Genlis, et qui avait fait long feu. Prumier en expose les avantages dans une méthode de harpe, parue en 1865. Il note, dans cet ouvrage, quelques réflexions sur l'accord de la harpe, qui ne sont pas dépourvues d'humour: « J'engage, écrit-il, les élèves à accorder à demi-jeu: on accorde ainsi beaucoup plus juste, et on ennuie moins les personnes présentes. »
Ange-Conrad, son fils (Paris, 1820-1884), lui succéda comme harpiste à l'Opéra-Comique (1840). Il fut ensuite harpiste à l'Opéra, aux Concerts populaires, dirigés par Pasdeloup, et à la Société des Concerts. Succédant à Théodore Labarre à la classe de harpe du Conservatoire, il enseigna selon une méthode pour le moins originale, qui consistait à faire reposer la harpe indifféremment sur l'une ou l'autre épaule de l'exécutant. « Il ne faut pas considérer comme impossible cette position, écrit-il dans ses Etudes spéciales pour la harpe (1866), elle permet à deux personnes à la fois de lire sur le même pupitre. » Malgré cet avantage ( ?), l'innovation ne rencontra qu'un adepte, le harpiste Aptommas qui, en 1863, donna un concert en tenant sa harpe sur l'épaule gauche.

Théodore Berry, dit Labarre (Paris, 1805-1870), se place entre les deux Prumier, comme professeur au Conservatoire, où il fut nommé en 1867. Il s'employa à réformer l'enseignement de la harpe, invoquant l'autorité de harpistes célèbres contre l'emploi de l'auriculaire, contraire à l'équilibre de la main. Elève de Cousineau, de Nadermann, et de Bochsa pour la harpe, de BoeIeldieu pour la composition,il avait obtenu un second Grand Prix de Rome en 1823. Virtuose de grande classe, il se fit applaudir par toute l'Europe. Napoléon III, dont il était le frère de lait, le fit nommer inspecteur accompagnateur de la Chapelle impériale (1852). Un élève de Labarre eut une renommée qui dépassa celle de son maître: Félix Godefroid (Namur, 1818 Villers-sur-Mer, 1897). Ayant remporté un second prix de harpe dans la classe de Nadermann, il avait senti le besoin de se perfectionner et surtout de trouver un professeur qui lui enseignât la harpe à double-mouvement. Dès 1839, il commença une brillante carrière de soliste à travers l'Europe et le Proche-Orient.

 

 
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